samedi 27 juillet 2013

Voyage à Tokyo

  
Quand on va voir un film en noir et blanc tourné par un réalisateur japonais plutôt confidentiel, on ne s'attend pas à être troublé. C'est pourtant mon sentiment dominant à la sortie du Voyage à Tokyo. Ce qui est troublant, c'est :

- Le décalage entre les visages et les sentiments. Le grand-père, Shukichi, n'est pas impassible mais est tout en retenue, quels que soient les évènements. Sa femme, Tomi, garde un visage triste, même dans les moments de joie. Noriko, leur belle-fille, sourit en permanence mais exprime tout une gamme de sentiments, où la tristesse domine.

- La pertinence des questions posées sur les relations entre enfants adultes et leurs parents, au Japon comme en France, il y a 60 ans comme aujourd'hui. Les parents ne doivent-ils pas accepter que leurs enfants aient affectivement de moins en moins besoin d'eux ? Peuvent-ils éviter de projeter leur désir de progression sociale sur leurs enfants ? Comment les enfants peuvent-ils vivre leur vie, travailler, créer une famille, mais sans négliger leurs parents qui vieillissent et qui les quitteront un jour ? Comment gérer l'éclatement géographique inévitable des familles ?

- Le soin méticuleux apporté aux plans, tournés essentiellement à l'intérieur. Le lieu de l'action est exigu, il est ouvert sur les côtés comme une scène de théâtre, mais surtout, il est prolongé en arrière-plan par une succession infinie de murs transparents, fenêtres, rideaux, cadres, qui font que le lieu de l'action n'est jamais clos. Les dialogues et discussions familiales sont donc à la fois intimes et accessibles, potentiellement ouvertes à tous.

- La modernité de la narration, qui nous laisse le soin de découvrir et de comprendre tout au long du film qui sont les personnages et quels sont les enjeux de ce voyage à Tokyo.

Film de Yasujirô Ozu sorti en 1953.

Ma note : 3/4 (très bien).

Voir aussi : Films vus en 2013.
   

Hijacking

  
Ce film danois fait un peu penser à Hold-up (film norvégien de 2012, http://lacritiqueestaisee.blogspot.fr/2012/08/hold-up.html) car nous croyons voir un documentaire. En effet, les acteurs (notamment ici le PDG de la compagnie maritime) sont incroyables de vérité. Ils semblent avoir interrompu brièvement leur vrai travail pour venir jouer dans le film. La façon de filmer est également particulière, au plus près des personnages pour nous faire vivre leur épreuve, à distance quand la proximité serait trop indiscrète.

Un suspens efficace nous agrippe tout au long du film. En tous cas, je n'écouterai ni ne lirai plus les infos sur les piratages de navires au large de la Somalie de la même façon après avoir vu ce thriller d'un nouveau genre.

Film de Tobias Lindholm, sorti en juillet 2013.

Ma note : 3/4 (très bien).

Voir aussi : Films vus en 2013.
   

Le Joli Mai

   
Il s'agit de la reprise d'un film sorti en 1963, après restauration. C'est un documentaire passionnant sur le Paris de mai 1962. La deuxième guerre mondiale est terminée depuis 18 ans et la guerre d'Algérie, qui a duré 7 ans, vient de se terminer après la signature des accords d'Evian. Ce sont donc les premiers mois de paix depuis longtemps et le film montre essentiellement une série d'interviews, menés de façon non conventionnelle, interrogeant des parisiens sur leurs préoccupations, leurs désirs, leurs aspirations.

Trois défauts font néanmoins redescendre ma note à 7 :
- Yves Montand, que l'on ne voit pas mais qui est le narrateur. C'était sans doute le meilleur ambassadeur du Paris de 1962 mais c'est maintenant une personnalité controversée.
- Le choix d'écrans "noirs", durant lesquels il n'y a que de la musique, au milieu et à la fin du film, dont je n'ai pas compris la justification.
- L'absence d'explications ou de précisions données pendant le film sur son contexte, ses concepteurs et ses réalisateurs.

Film de 1963 ressorti en mai 2013, réalisé par Chris Marker et Pierre Lhomme.

Ma note : 7/10.

Voir aussi : Films vus en 2013.
   

Fais-moi plaisir !

  
Au début, j'ai eu un moment d'inquiétude car le film commence par un générique dont les images et la musique annoncent une pièce de théâtre de boulevard.

La première séquence m'a rassuré : Emmanuel Mouret use de trésors de diplomatie pour tenter de convaincre sa petite amie, Frédérique Bel, de transformer leur grasse matinée en partie de plaisir. Le style est original et léger et fait penser à "Bref" et aux séries humoristiques sur les couples.

La deuxième séquence (l'invitation à la fête de Judith Godrèche), joue sur le comique de situation et enchaîne des gags faisant penser à Mister Bean. Pourquoi pas ? Nous aurions donc un scénariste / réalisateur / acteur prêt à reprendre le flambeau laissé par Louis de Funès et Pierre Richard ? Parfait ! Le cinéma humoristique français des années 60-70 serait en train de ressurgir tout en se renouvelant grâce à un esprit "Canal +". Chouette !

Malheureusement non. Le film reprend ensuite les grosses ficelles (pourtant déjà très usées) du siècle dernier : le coup du doigt coincé dans le vase précieux posé sur la cheminée ; le coup du rideau coincé dans la braguette ; le coup de la belle qui s'assomme en tombant du canapé quand on l'embrasse ; etc. Cela nous amuserait un peu si c'était court mais Emmanuel Mouret fait durer chacun de ces gags au-delà du raisonnable et notre sourire se transforme en moue de consternation.

J'ai craqué avant la moitié du film, sans savoir comment son héros allait se dépêtrer de quiproquos d'un autre temps.

Film d'Emmanuel Mouret, sorti en juin 2009.

Ma note : -1 (pas vu jusqu'au bout).

Voir aussi : Films vus en 2013.
  
 

mercredi 24 juillet 2013

Une vie simple

   
Cette "vie simple" est l'histoire vraie de Ah Tao, une chinoise envoyée dès l'enfance loin de chez elle et qui a été la domestique d'une famille de Hong-Kong pendant quatre générations. Elle a plus de 70 ans au début du film mais elle est toujours employée par Roger (Andy Lau), célibataire dont elle s'occupe au quotidien. Leurs relations distantes, que nous montre le début du film, ne laissent pas présager ce qui va se passer quand Ah Tao tombera malade et ira dans une maison pour personnes âgées.

Ce pourrait être un film sur la vieillesse, sur la maladie, sur les différences de classes sociales. C'est en fait un film sur une chose très difficile à décrire et à nommer : la mise en œuvre d'un acte de reconnaissance, la recherche de la meilleure façon de remercier quelqu'un pour ce qu'il vous a apporté, la tentative et la difficulté de rendre ce qu'on vous a donné tout au long d'une vie. Cette problématique peut bien entendu être traitée dans le cadre de la famille et des relations parents - enfants ou à l'intérieur d'une fratrie. Une infinité de livres et de films l'on abordée. La réalisatrice Ann Hui a choisi d'aborder cette question en dehors du cadre de la famille stricte et elle réussit la prouesse de traiter ce sujet extrêmement compliqué dans un film apparemment simple, lumineux et très émouvant. Il faut préciser que les deux acteurs principaux sont excellents.

(Lire aussi la très bonne critique de Selenie : http://www.senscritique.com/film/Une_vie_simple/critique/22494131)

Ma note : exceptionnel (4/4).

   
 

lundi 22 juillet 2013

Une femme sous influence

   
Ce film est une purge qui a failli me dégoûter pour toujours des salles obscures ! Je me suis accroché car je n'avais jamais vu de film de John Cassavetes, malgré les rétrospectives qui lui sont régulièrement consacrées. Dans celui-ci : pas de scénario, des dialogues improvisés (pendant 2 h 26...) et une actrice principale qui croit jouer une mère de famille qui "pète les plombs" en faisant des grimaces. Dans une ambiance d'hystérie, les adultes se comportent comme des enfants mais les trois jeunes enfants du couple Peter Falk - Gena Rowlands sont tout à fait matures et stables. Rien n'est crédible et le message du film est d'une naïveté confondante : c'est la "pression sociale", qui est constituée ici par une vie de famille dont le spectateur cherche vainement le caractère névrosant, qui crée la maladie mentale.

Film de 1974.

Ma note : 0/4 (je n'aime pas du tout)

Voir aussi : Films vus en 2013.
  

jeudi 18 juillet 2013

Pacific Rim

   
L'intérêt du film repose sur la qualité du spectacle. Pendant 2 h 11, il nous en met plein les yeux et plein les oreilles. Cette partie du contrat est remplie à 110 % et j'ai été surpris, en me levant de mon fauteuil à la fin du film (vu en 3D), de ne pas être couvert d'algues et d'étoiles de mer compte tenu de la quantité d'eau de mer que nous avions reçu...

Côté scénario, en revanche, il y a de quoi être déçu. L'histoire et la psychologie des personnages tiennent sur un ticket de métro. La morale est assez militariste. Seuls les deux savants fous apportent un peu d'originalité et de fraîcheur.

Il s'agit d'un film de science-fiction et nous sommes bien entendu prêts à accepter un certain nombre d'invraisemblances. Mais, avec tous les films de superhéros présents sur les écrans depuis des années, nous devrions avoir droit à une évolution des codes. Les scénaristes semblent avoir choisi de rester pour l'essentiel au stade de Godzilla (auquel le film rend, bien sûr, un hommage appuyé), mais à la version de 1954... Par exemple, on se bat avec les poings et on ne pense à utiliser ses armes qu'à la dernière extrémité (ils sont pourtant deux à réfléchir). De façon surprenante, les monstres attaquent la ville où se trouvent justement les robots de défense (ouf !). Enfin, le fait de commander des robots de guerre de façon "neurale" est une idée intéressante mais, dès 1997 (dans "La Paix éternelle"), Joe Haldeman) a eu la bonne idée d'installer les précieux pilotes à distance des machines, afin qu'ils soient hors de danger.

Ma note : 3/4.