mercredi 11 janvier 2012

Le Havre

   
C'est le premier film d'Aki Kaurismäki que je vais voir. Sont-ils tous comme celui-là ? L'ambiance est irréelle... on croirait presque du David Lynch. Sauf que là, tout est vieux. L'éclairage est très cru et artificiel, et pas seulement en intérieur, ce qui rappelle d'anciens films noir et blanc. L'histoire se déroule de nos jours mais la ville, les voitures, les personnages, la musique, semblent tous avoir été oubliés par la modernité. Les acteurs parlent au ralenti, notamment Marcel Marx, le personnage principal joué par André Wilms, qui articule comme s'il parlait toujours à un étranger. Peut-être pour garder sa dignité malgré son travail modeste (cireur de chaussure) et ses problèmes financiers. Les lieux constituant son environnement immédiat (maison, café, boulangerie, épicerie) sont des plus délabrés et modestes et rappellent le monde désespéré des Damnés de la terre associés, la BD de Tronchet. Le sentiment de vétusté est accentué par la présence de stars un peu oubliées : Little Bob, Jean-Pierre Léaud, Elina Salo et Pierre Etaix. En fait, ce cadre où le temps semble s'être arrêté, est là pour mettre en valeur le seul élément de jeunesse et d'espoir du film : un jeune Africain clandestin qui veut aller à Londres (Blondin Miguel, très bon). L'actualité la plus récente (la difficile condition des immigrés en France, telle que déjà traitée dans Welcome par Philippe Lioret) vient donc réveiller la "vieille Europe". Sans être une comédie, Le Havre contient beaucoup d'humour, ici "politesse du désespoir". Les piliers de bistrot de Chez Claire, par exemple, méritent à eux seuls le déplacement. Jean-Pierre Darroussin, qui joue l'inspecteur Monet, est lui aussi très bien.

Date de sortie : décembre 2011.
Discuté au Masque et la Plume du 25/12/2011.
La page du film sur Allociné.

Ma note : 3/4 (très bien)
 

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